LA QUATRIÈME ERREUR FATALE DU FONDAMENTALISME FINANCIER : CROIRE QUE L’INFALTION EST LA TAXE LA PLUS CRUELLE

William Vickrey, Prix Nobel d’Économie en 1996

5 Octobre 1996

On prétend que l’inflation est la taxe la plus cruelle. La perception semble être que si seuls les prix cessent de monter, le revenu personnel continuerait à augmenter, en dépit des conséquences du ralentissement des prix sur le revenu.

La réalité courante est la suivante : L’élément taxe dans une inflation anticipée qui s’exprime en termes de gains pour le gouvernement et de pertes pour les détenteurs de monnaie et de bons du gouvernement, est limitée à la réduction de la valeur réelle de la monnaie non productive d’intérêt, plus le gain en provenance de la hausse de l’inflation au-dessus de celui anticipé au moment du prêt et de la fixation du taux d’intérêt. D’un autre côté, une baisse du taux d’inflation au-dessous de celui anticipé précédemment devrait constituer une aubaine et des bénéfices exceptionnels pour les détenteurs de titres à long terme de la dette du gouvernement et une augmentation correspondante de l’impact réel de la dette sur le fisc.

Dans les anciens régimes qui interdisaient le paiement d’intérêts sur les dépôts à vue les profits seigneuriaux sur ces dépôts, qui reflétaient la perte du pouvoir d’achat des déposants, et qui étaient renforcés par l’inflation, profitaient aux banques, bien que la concurrence pouvait pousser certaines à faire bénéficier leurs clients de services gratuits. Dans une économie ou la plupart des transactions se font avec des cartes de crédit et des comptes bancaires qui peuvent être débités ou crédités d’intérêts, le fardeau est trivial pour la plupart des individus et est limité à la perte des intérêts sur les billets en circulation. Le gros des gains du gouvernement viendrait de ceux qui utilisent de grandes quantités de billets dans un but d’évasion fiscale ou pour camoufler des activités illicites ainsi que de ceux, peu nombreux, qui gardent des billets sous leurs matelas ou dans des pots à biscuit.

Le principal problème avec l’inflation n’est pas celui de ses effets, mais plutôt le chômage qui résulte des tentatives inappropriées pour contrôler l’inflation. Actuellement l’accélération non anticipée de l’inflation peu réduire le déficit réel par opposition au déficit nominal en réduisant la valeur réelle de la dette à long terme en cours. Si une politique consistant à réduire le déficit nominal est entreprise, elle aura pour résultat un chômage excessif du fait de la réduction de la demande. La solution n’est pas la diminution du déficit nominal pour contrôler l’inflation en augmentant le chômage mais plutôt d’augmenter le déficit nominal pour soutenir un déficit réel en contrôlant l’inflation, si cela est absolument nécessaire, par des moyens plus directs qui n’impliquent pas une augmentation du chômage.