LA HUITIÈME ERREUR FATALE DU FONDAMENTALISME FINANCIER : CROIRE QUE SI LES DÉFICITS CONTINUENT, LE SERVICE DE LA DETTE POURRAIT ENGLOUTIR LES RECETTES FISCALES.

William Vickrey, Prix Nobel d’économie en 1996

5 octobre 1996

Certains pensent que si les déficits continuent le service de la dette pourrait absorber entièrement les recettes fiscales.

Les réelles perspectives d’avenir sont les suivantes : Alors que des téléspectateurs inquiets, friands de films d’horreur, dans lesquels la dette par tête d’habitant deviendrait d’un poids intolérable ou dans lesquels le service de la dette absorberait entièrement les recettes de l’impôt sur le revenu ou encore dans lesquels on assisterait à une perte de confiance du public dans l’aptitude et la volonté du gouvernement à lever les taxes requises pour empêcher la vente des bons du trésor à des conditions raisonnables, les scénarios objectifs montrent que les effets pervers de l’endettement sur les recettes fiscales seraient négligeables et que même, ces effets, au lieu d’être pervers, pourraient être bienfaisants aux recettes fiscales. En effet, si le plein emploi est maintenu de telle sorte que le Pib nominal progresse, par exemple, a 6%, avec 3% pour l’inflation et 3% pour la croissance réelle, la dette équilibrante ( celle qui équilibre la demande d’actifs financiers du public avec l’offre ) devrait augmenter à un taux de 6 % et même peut être à un taux légèrement plus; si le taux d’intérêt nominal est de 8%, 6 % de ce dernier serait financé à partir de la croissance requise de la dette, ce qui laisse 2 % à la charge du budget courant. L’impôt sur le revenu en provenance des intérêts perçus compenserait une bonne partie des 2 % ci-haut mentionnés et les économies réalisées du fait d’un chômage réduit et des coûts moindres de l’assurance chômage et de du bien être social couvriraient, et au-delà, la partie restante, sans mentionner les augmentations substantielles des recettes fiscales en provenance d’une économie plus prospère. Bien que ces gains iraient surtout au profit des États et des gouvernements locaux plutôt qu’au profit du gouvernement fédéral, tout cela pourrait faire l’objet d’ajustements et de changements dans les octrois intergouvernementaux. Une dette de 15 trillions de $ serait plus facile à gérer et à supporter à partir d’une économie de plein emploi avec des besoins réduits en assurance chômage et en bien être social, qu’une dette de 3 trillions de $ à partir d’une économie en marasme dont l’équipement et la dotation en capital tombent en ruine. Il n’y a simplement aucun problème à augmenter la dette.

Commentaires- André Gouslisty

Tout comme il existe une différence de près de 3% entre le taux des fonds à 1 jour et le prime rate, il doit nécessairement exister aussi une différence de 3% entre le prime rate et le taux de croissance du Pib nominal, ce dernier taux représentant le taux de rendement interne de l’économie. Un taux de croissance du Pib nominal de 7 %, commanderait un «prime rate» de 4% et par conséquent un taux des fonds à 1 jour de 1%. Un taux de croissance du Pib nominal de 6,50%, commanderait un «prime rate» de 3,50 % lequel commanderait à son tour, pour les fonds à 1 jour, un taux de 0,50%. Nous pensons que l’objectif premier de la Banque centrale devrait être d’assurer un taux de croissance du Pib nominal de 7 % ou 6,50% et une structure de taux telle qu’il y ait une différence de 3% entre le taux de croissance du Pib nominal et le prime rate ainsi qu’une différence de 3 % entre le taux des fonds à 1 jour et le prime rate et de considérer le taux d’inflation qui découlerait de cette structure comme le « taux naturel d’inflation ». Ce n’est que si le taux d’inflation effectif dépasse le taux naturel d’inflation que la Banque Centrale serait en droit de hausser le taux des fonds à un jour.