POURQUOI LA BAISSE DES IMPÔTS DE 150 G PROJETÉE PAR L’ADMINISTRATION BUSH N’AURA AUCUN EFFET
Par : André Gouslisty

29 janvier 2008

Nous pensons que la baisse des impôts, de 150 milliards de $, projetée par l’administration Bush, pour stimuler l’activité économique n’aura aucun effet pour les motifs suivants.

  1. D’abord parce si une baisse des impôts augmente les ressources du secteur privé il diminue aussi les ressources du secteur public, à moins que la baisse des ressources du secteur public ne soit compensée par un emprunt public. L’Administration Bush ne s’étant pas expliquée sur ce point on est en présence d’une grave incertitude.
  2. Ensuite parce que la Federal Reserve, la Banque Centrale des États-Unis, continue à ignorer les règles d’or de la croissance économique à savoir que ;
    « Le taux du «prime rate» doit :
    - toujours, être inférieur au taux de croissance nominal, au taux de croissance en $ courants, du Pib, d’au moins 3 %;
    - parfois et très exceptionnellement, égal au taux de croissance nominal du Pib;
    - jamais être supérieur au taux de croissance nominal du Pib.»

Or actuellement le «prime rate» est, aux États-Unis, supérieur au taux de croissance du Pib.

En effet on a actuellement les données suivantes.

Date
Taux des Fed funds
Prime rate
Taux de croissance nominal du Pib
24.01.2008
2007 q 3
3,50 %
6,50 %
6, 00 %

On n’emprunte pas à 6,50 % pour investir dans cette grande entreprise qu’est l’économie américaine, dont le rendement nominal est de 6,00 %. C’est contraire aux principes les plus élémentaires de gestion financière.

Lorsqu’un ménage américain achète une voiture ou une maison en empruntant à 6,50 % et plus, il fait un acte de foi dans l’économie américaine et il espère que, grâce à la croissance du Pib, son revenu augmentera au moins de 6,50 % pour faire face à ses obligations. Si le taux de croissance du Pib ne lui permet pas d’augmenter son revenu d’un montant au moins égal au taux d’intérêt on peut s’attendre à des troubles. C’est l’achat de la voiture ou de la maison par le ménage qui stimulera l’activité économique.

Lorsqu’un investisseur, institutionnel ou non, achète des actions en empruntant à 6,50% et plus, il espère que ses actions lui rapporteront au moins 9,50% grâce à la croissance nominale du Pib.

C’est cette différence appréhendée entre le taux du «prime rate» et le taux de croissance nominal du Pib qui est le moteur de l’activité économique. Ne pouvant agir directement sur le taux de croissance du Pib il appartient aux Autorités Monétaires de fixer le taux du «prime rate» au niveau le plus adéquat, c’est à dire, au dessous du taux de croissance du Pib.

En méconnaissant les règles d’or que nous venons d’énoncer et en donnant toute la priorité à l’inflation, les dirigeants de la Federal Reserve aussi bien que ceux de la Banque Centrale Européenne, font montre d’une incompréhension des mécanismes de l’activité économique difficile à gober.