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CASH, PIB ET POLITIQUE MONÉTAIRE

par André Gouslisty,

1 Février 2002

Produire plus en quantité pour une recette monétaire plus grande est un principe de base de la rationalité économique et la justification suprême du capitalisme.

Produire plus en quantité pour une recette monétaire inchangée commence à être une sérieuse entorse à la rationalité économique.

Mais, produire plus en quantité, pour une recette monétaire moindre, constitue alors le summum de l'aberration économique.

Et pourtant, c'est à ce triste résultat, que les politiques monétaires d'Alan Greenspan, le président de la Fed, ont amené, l'économie des États-Unis.

Aux États-Unis, au cours de l'année 2001, le Produit Intérieur Brut, le PIB, a évolué comme indiqué dans le tableau suivant.

ÉTATS-UNIS. Taux de croissance du Produit Intérieur Brut en 2001.

 Trimestre
 PIB en $ courants
 PIB en $ constants
2001t1
 4,60   %
1,30 %
t2
2,40
0,30
t3  
 0,90
 - 1,30
t4
 - 0,10
 + 0,20

Source : U.S.Census Bureau

Il ressort du tableau précédent, qu'au 4ème trimestre de 2001, la recette monétaire, au niveau national, a diminuée de 0,10 % mais que les quantités produites ont augmentées de 0,20 %. Alan Greenspan a trouvé dans ces chiffres des signes encourageants de reprise de l'activité économique et a jugé bon de maintenir le taux des fedfunds à 1,75 % avec un prime rate de 4,75 %.

Si l'on a à l'esprit le rôle pivot que joue le compte cash  dans les finances des entreprises, des administrations publiques et des ménages, ainsi qu'au niveau national,  les chiffres du PIB  du 4ème trimestre 2001, ne justifient aucunement la décision de la Fed ni les allélulias qu'entonne Greenspan.

En effet, l'important dans la vie économique c'est le cash. Le cash c'est tout . Cash - not Profit - is King. C'est un axiome, une vérité fondamentale en finance. C'est avec le cash qu'une entreprise paie ses fournisseurs  et le salaire de ses employés. C'est avec du cash que l'on fait des investissements. Au niveau individuel, c'est avec du cash que l'on fait son épicerie. C'est avec du cash que l'on paie ses impôts. Que le cash vienne à manquer, c'est la cessation des paiements, c'est la faillite.

Le cash, c'est des dollars courants et non des dollars constants. Les dollars constants, c'est une monnaie qui n'existe que dans la cervelle des administrations en charge des statistiques et des gouverneurs des banques centrales. C'est avec des dollars courants que les entreprises, les administrations publiques et les ménages fonctionnent. Si vous demandez à ceux qui font le commerce de l'argent et des devises, c'est quoi un dollar constant, ils répondront qu'il n'ont jamais vu une telle monnaie.

D'où vient le cash ? Pour une entreprise, il vient essentiellement des ventes et des emprunts. Pour un gouvernement, le cash vient essentiellement des impôts et des emprunts. Pour un salarié, le cash vient du salaire et des emprunts. Pour un investisseur, le cash vient des dividendes, des intérêts, de la vente d'actifs et des emprunts.

Mais, d'où vient le cash au niveau de la nation, au niveau macroéconomique ? Au niveau macroéconomique, le cash se confond avec le PIB. Si le PIB, c'est la valeur de la masse des biens et services produite au cours d'une certaine période, l'année ou le trimestre, c'est aussi la valeur de la vente des biens et services au cours de la même période de temps. Autrement dit, le PIB, c'est le cash en provenance de la vente des biens et services produits par une économie, c'est la recette en argent de la vente des biens et services et ce cash s'exprime en dollars courants.

Pour savoir si, au cours d'une période de temps, c'est la valeur ou les quantités produites dans une économie qui ont variés, ont a trouvé ce truc qui consiste a évaluer la masse des biens et services avec des prix constants, ceux d'une certaine année de base. Grâce à ce stratagème on peut savoir , lorsque le PIB augmente, si c'est du fait des prix seulement ou du fait des quantités seulement ou enfin si c'est du fait d'un mélange des prix et des quantités. Mais la recette monétaire effective, tant au niveau individuel qu'au niveau de la nation, s'obtient en multiplant les prix unitaires, exprimées en dollars courants, par les quantités. Comme on le voit, multiplier les quantités produites au cours de la période courante par les prix d'une année de base a des limites, parceque ce qui compte vraiment c'est la recette monétaire exprimée en $ courants et qui s'obtient en multipliant les quantités de la période courante par les prix de la période courante.

La science économique est subtile. Lorsque l'on constate que le PIB a augmenté en quantité, il ne faut pas s'empresser de croire, ou  faire mine de croire, comme vient de le faire Alan Greenspan, qu'il y a là les sigmes encourageants d'une reprise économique. Il faut encore savoir quel effet a, sur le cash flow national, cette  augmentation   des quantités produites. Si cela se traduit par une augmentation du cash, c'est parfait et Alan Greenspan peut s'en flatter. Mais, si cela se traduit par une diminution du cash, de la recette monétaire, c'est non seulement grave, c'est carrément catastrophique.

Au 4ème trimestre de 2001 et ce grâce aux politiques monétaires d'Alan Greespan,  les Américains ont, en quantité, tavaillé plus et produit plus, mais pour une recette monétaire moindre. Même à Saint-Benoît-du-Lac ont n'aimerait pas cela et on ne ferait pas d'Alan Greenspan, le père procureur. Travailler plus et produire plus, en quantité, pour un chèque de paie moindre et une recette monétaire moindre, sont loins d'être des signes encourageants de reprise de l'activité économique.Pendant ce temps les banques engrangent, non pas à la petite cuillère, pas même à la grande cuillère, mais à la louche. Alan Greenspan et les banques, espèrent que le futur déficit budgetaire du gouvernement américain de l'ordre de 80 milliards, evitera aux banques de faire leur part dans la crise actuelle. Alan Geenspan et les banques espèrent que des entreprises comme GM qui sont des producteurs de biens et non des institutions financières, continueront à financer la vente de leur produits à 0 %, pendant que les banques perçoivent des taux usuraires non seulement sur les cartes de crédit mais, à notre avis, sur tous les prêts, étant donné les conditions économiques actuelles. 

Une des grandes illusions du capitalisme moderne c'est, pour les véritables capitalistes, les véritables  producteurs de biens et services, comme GM ou Microsoft, de croire que le prêteur d'argent, est un allié et qu'il fait partie de la grande famille capitaliste. C'est une erreur, parceque le prêteur d'argent, l'usurier, n'est l'allié de personne.

En tout cas, nous pensons que ce serait une erreur de recourir tout de suite à la politique fiscale et au déficit budgétaire comme cherche à le faire actuellement l'administration Bush. Il faut d'abord faire en sorte que la politique monétaire donne ce qu'elle peut donner encore, soit une baisse du taux des fedfunds qui est aujourd'hui à 1,75 % et surtout  une baisse du différentiel entre le taux des fedfunds  et le prime rate  ce dernier étant à 4,75 %. Rien ne justifie pour les banques ce régime de faveur, que constitue une marge bénéficiaire minimale  de 3 %. Historiquement , en juillet 1954 par exemple, le taux des fedfunds était de 0,80 % , le prime rate de 3 %, et le différentiel de 1,20 %, soit 3 fois moins qu'il ne l'est actuellement. C'est de 2 % que le taux de tous les prêts pourraient baisser si la Fed cessait d'être le protecteur des banques plutôt que celui des entreprises et des ménages et ce, sans toucher au prime rate. Les conditions de prêt de GM à 0 % au cours du IVème trimestre de 2001 donne une idée du chemin qui reste à parcourir à la Fed et aux banques pour qu'elles concourrent réellement à la reprise économique.Ce n'est pas à GM, ni aux autres entreprises, qu'il appartient de soutenir les ventes, c'est à Alan Greespan et aux banques.