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LA POLITIQUE MONÉTAIRE NE PEUT PLUS RIEN POUR L'ÉCONOMIE AMÉRICAINE.

7 août 2002

par André Gouslisty

Pour avoir oublié ce que le dernier des boutiquiers ne manque jamais d'oublier :

  • que le taux de rendement d'un investissement, appelé aussi par les financiers taux de rendement interne, doit nécessairement être supérieur au taux d'intérêt des emprunts, appelé aussi taux de rendement externe;
  • que si les ménages et les entreprises sont des « price takers » en ce sens qu'ils n'ont aucune influence, ni sur les taux de rendement interne, ni sur les taux d'intérêt des emprunts, par contre, la Banque Centrale est une « price maker » en ce sens qu'elle fixe le taux des fedfunds et par ricochet le «prime rate», le taux que les banques appliquent à leurs meilleurs clients;
  • que le taux de croissance du Produit Intérieur Brut (PIB) en $ courants est, à la Nation, ce que le taux de rendement interne est, aux ménages et aux entreprises;
  • que le « prime rate », ou le taux préférentiel, que les banques appliquent à leurs meilleurs clients doit être nécessairement inférieur au taux de croissance du PIB en $ courants, dans un proportion au moins égale à la différence entre le taux des fedfunds et le prime rate, qui est aux États-Unis de 3 %;

pour avoir oublié tout cela, M. Alan Greenspan, le président de la « Federal Reserve », a mené, à doses homéopathiques, l'économie américaine au bord du gouffre et à un point où la politique monétaire ne peut plus rien faire d'utile pour elle.

Aujourd'hui, la politique monétaire ne peut plus rien faire pour l'économie américaine.  Il appartient à M. Greenspan, d'abord de le reconnaître en toute honnêteté et ensuite d'inviter le gouvernement américain à prendre le relève, avec la politique fiscale, pour tenter de relever le taux de croissance du PIB puisqu'il n'est plus possible de stimuler  l'économie américaine  par des baisses du taux d'intérêt.

M. Alan Greenspan a raté, au moment de la parution des statistiques sur le PIB du 1er Trimestre de 2002, le 7 mai 2002, l'occasion d'établir une politique monétaire énergique. Le 7 mai 2002, ni avant ni après, M. Greenspan aurait dû faire les calculs suivants:

PIB en $ courants au 1er trimestre de 2002        6,70 %

- Moins 3 %                                                     - 3,00 %

= Taux du prime rate                                        + 3,70 %

- Moins 3 %                                                     - 3.00 %

= Taux des fedfunds                                        + 0,70 %

et par conséquent fixer le taux des fedfunds à 0,70 %. C'est ce que nous avons conseillé de faire dans un article paru le 7 mai 2002 , dans notre site internet et intitulé « Commentaires sur la politique monétaire en date du 7 mai 2002 ». Mais, fidèle à sa politique de baisses homéopathiques, M. Greenspan a fixé le taux des fedfunds à 1,75 %. Il a préféré, plutôt que de se comporter en homme d'État, jouer le Grand Usurier de la Républiqe et le Gand Protecteur des Banques ( nous disons Grand Usurier comme on dit Grand Rabbin ou Grand Mufti de la République ).

Aujourd'hui, après la parution le 31 Juillet 2002 des statistiques sur le taux de croissance du PIB, au second trimestre de 2002 et en $ courants, et qui s'établit à 2,20 %, M.Greenspan ne peut plus rien faire sinon :

  • fixer le taux des fedfunds le plus bas possible au dessus de 0 %, quelquechose comme 0,01%;
  • inviter les banques commerciales à se contenter, provisoirement et en attendant une reprise de l'activité économique, d'un autre 0,01 %, et à fixer le prime rate à quelque chose comme 0,02%, ce qui ne sera pas facile;
  • inviter le gouvernement à prendre la relève de la Reserve fedérale et à réanimer l'économie par la politique fiscale c'est à dire par ses dépenses et ses déficits;
  • enfin présenter sa démission.

Quand à l'Administration Bush. elle a intérêt à accepter la démission de M. Alan Greenspan et à le remplacer sinon par un boutiquier du moins par quelqu'un qui, comme un boutiquier, ne perd de vue que le taux d'intérêt doit nécessairement être inferieur au taux de croissance du PIB exprimé en $ courants, si l'on veut stimuler l'activité économique.