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LE TAUX OPTIMUM DES FEDFUNDS ET DU TAUX CIBLE EN DATE DU 4 JUIN 2002.

 

Par André Gouslisty

 

En date du 4 juin 2002, la Banque du Canada a fait passer le taux cible du financement à un jour de 2,25 % à  2,50 %.

 

La question qui se pose est celle de savoir si cette décision est correcte et est dans l’intérêt de la Nation.

 

N’en déplaise à la Banque du Canada et à son gouverneur, il existe une formule pour calculer le taux  cible optimum du financement à un jour.

 

Cette formule est la suivante :

 

Taux de variation du PIB en $ courants

- Marge bénéficiaire minimale des banques

= Taux du prime rate

- Marge bénéficiaire minimale des banques

= Taux optimum des fedfunds ou du taux cible

 

La marge bénéficiaire minimale des banques est le différentiel entre le taux des fedfunds ou du tauxx cible et le prime rate.

 

Pour la justification de la formule voir nos différents articles dans notre site internet www.gouslistyandre.com

 

Si nous appliquons cette formule nous obtenons le tableau suivant;

 

Situation économique au 4 juin 2002

États -Unis

Canada

1. PIB en $ courants  1t2002

6.50 %

9,20 %

2. moins marge bénéficiaire minimale des banques

3,00 %

1,75 %

3. = Prime rate optimum  ( effectif )

3,50 % (4,75 % )

7,45 % (4,25 %)

4. moins marge bénéficiaire des banques

3,00 %

1,75 %

5. = Taux optimum des fedfunds ou du taux cible (effectif)

0,50 % (1,75 %)

5.70 % (2,50 %)

6. PIB en $ constants 1t2002

5,50 %

6,00 %

7. Taux d’inflation globale ( ligne 1 – ligne 6 )

1,00 %

3,20 %

8. Taux de chômage

6,00 %

7.60 %

 

Sources : Pour les États-Unis, National bureau of economic research.

               Pour le Canada , Statistique Canada et Banque du Canada.

 

A la lumière du tableau précédent on peut dire que :

- la politique monétaire est trop restrictive aux Etats-Unis ;

- par contre elle est trop expansionniste au Canada. La Banque du Canada est en train de cravacher un cheval qui s’emballe, ce qui n’est pas particulièrement intelligent. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que cela arrive à la Banque du Cnanada. En 1979, 1980, 1981, malgré des taux de croissance nominaux du PIB respectivement de 14,3 %, 12,2 % et 14,9 % la Banque du Canada menait, en termes de Stop and Go, une politique de Go immoderatus.

 

Conclusion

 

Il saute aux yeux que la faible hausse du taux cible du financement à un jour de 0,25 % seulement est, à la lumière des chiffres rapportés dans le tableau précédent, une décision politique et non économique. Le taux cible de 2,50%, décrété par la Banque du Canada le 4 juin 2002, est très inférieur au taux de 5,70 % que la situation économique du Canada commande.

 

On a voulu, fort probablement, ne pas affoler les marchés financiers et les empêcher de croire, au cas où ils le feraient, que c’est le départ du ministre des finances Paul Martin ( congédié, avec raison, le 2 juin 2002 ) qui est la cause de la hausse du taux d’intérêt. On a, fort probablement, voulu empêcher que le public, n’est la nostalgie du ministre Martin et n’associe son nom, à tort, à de faibles taux d’intérêt.

 

La prochaine fixation du taux cible du financement à un jour devra ce faire le 16 juillet 2002. Mis à part le fait que cette date est arbitraire, puisque ce n’est pas la date annoncée par Statistique Canada pour la parution des statistiques relatives au PIB du 2ème trimestre de 2002, nous sommes convaincus que la Banque du Canada va augmenter substantiellement ses taux directeurs, pour les rendre compatibles avec les chiffres du 1er  trimestre de 2002.

 

Dernière remarque. Ce qui choque au Canada c’est le comportement généralement misérable des banques et de la Banque Centrale. Sous des airs de prima donna une âme de Shylock les anime. Le gouverneur de la Banque du Canada, aurait intérêt , une fois l’an, comme on fait ses Pâques, à assister à une représentation du Marchand de Venise de Shakespeare. Ceci dit, et malgré cela, nous serions très favorable à l’idée que le différentiel entre le taux de financement à 1 jour et le prime rate, qui est actuellement de 1,75 % au Canada soit, comme aux Etats-Unis, de 3 %, mais, à la condition que les banques canadiennes offrent au public les mêmes services que les banques américaines, comme par exemple, des prêts  hypothécaires amortissables sur 30 ans et à taux fixe.